La disparition
Vous vous en doutiez... mais c'est pire !
"Fort de leur présence sur Terre depuis plus de 400 millions d’années, de leur diversité, de leur adaptabilité et de leur abondance, les insectes constituent une réussite biologique sans précédent et une composante essentielle à la vie sur notre planète. Aujourd’hui, un organisme vivant sur deux et 3 animaux sur 4 appartiennent à leur ordre.
Les fonctions écologiques que ces arthropodes remplissent au sein des écosystèmes sont innombrables. Il est possible de citer, entre autres, la pollinisation, la consommation du couvert végétal (phytophagie), le recyclage des matières organiques en décomposition (coprophagie, nécrophagie, etc.) et des nutriments, le contrôle d’autres espèces considérées comme « nuisibles » et composant le régime alimentaire de nombreuses espèces d’oiseaux, d’amphibiens et de mammifères. Leur maintien dans les chaines trophiques est primordial pour les équilibres écologiques." Benoît Gilles, Passion entomologie
Pour un scientifique, une accumulation d'indices ou de symptômes peut suggérer une interprétation, conduire à une hypothèse. Mais elle ne suffit pas pour convaincre.
Ce dont il a besoin, c'est d'une étude statistiquement incontestable, passée au crible par des pairs et publiée dans des revues scientifiques reconnues...
... comme la prestigieuse revue anglaise Nature, par exemple, qui vient de sanctifier un travail qui fait froid dans le dos sur la disparition des insectes (des arthropodes en général).
Sur mon blog, cet été, j'écrivais " Où sont passées les scarabées, lucanes, hannetons, criquets, sauterelles, papillons ... qui en multitudes ont accompagné mon enfance...".
Ceci n'était qu'un ressenti, partagé par nombre d'entre-vous.
La publication en question décrit des résultats obtenus en appliquant un protocole strict, sur une période de 9 ans (2008-2017), sur 290 sites ( 150 sites de prairies et 140 sites forestiers) dans trois régions allemandes. Elle a permis de collecter des données sur plus d’un million d’arthropodes (environ 2700 espèces).
Autant dire qu'elle est incontestable !
Le résultat est accablant (graphique ci-dessus et ci-contre) :
" Dans les prairies échantillonnées chaque année, la biomasse, l’abondance et le nombre d’espèces ont respectivement décliné de 67 %, 78 % et 34 %. Le déclin est conséquent dans tous les niveaux trophiques [place dans la chaîne alimentaire] et affecte principalement les espèces rares ; son intensité est indépendante de l’intensité des usages du sol."
"Dans les sites forestiers inventoriés annuellement, la biomasse et le nombre d’espèces ont respectivement décru de 41 % et 36 %..."
Ces baisses ont été particulièrement fortes dans les paysages dominés par des terres agricoles, ce qui suggère que la gestion agricole pourrait être à l'origine de cette baisse.
Pour Sebastian Seibold, auteur principal de la publication :
« Les initiatives actuelles contre la disparition des insectes se concentrent beaucoup trop sur la gestion de parcelles isolées, et ceci sans coordination particulière »
« Pour arrêter ce déclin, nous devons développer une meilleure coordination au niveau régional et national, fondée sur nos résultats. »
Ce travail vient conforter les résultats d'une méta-étude établissant le bilan de la littérature internationale sur les facteurs de déclin de l’entomofaune, à l’échelle mondiale, qui indique notamment que :
" - Plus de 40 % des espèces d’insectes sont menacées d’extinction.
- Les Lépidoptères, les Hymenoptères et les Coléoptères sont les taxons les plus affectés.
- Quatre taxons aquatiques sont menacés et ont déjà perdu une importante proportion d’espèces."
La perte de leurs habitats par conversion vers l’agriculture intensive est le facteur principal de déclin
Les polluants agro-chimiques, les espèces invasives et le changement climatique sont des causes supplémentaires.
L'homme est le seul primate qui n'est pas pas menacé d'extinction!
Pendant que le président élu de la plus grande puissance mondiale nie l'implication de ses congénères dans le désastre écologique en cours, les études sur l'évolution de la biodiversité se succèdent, convergent, et sont de plus en plus désespérantes.
La dernière en date, publiée dans Sciences Advances : Impending extinction crisis of the world’s primates: Why primates matter, annonce pour très vite l'extinction de nos très proches parents : les primates non humains.
Ces parents biologiques, jouent un rôle important dans les moyens de subsistance, les cultures et les religions de nombreuses sociétés et offrent une perspective unique sur l'évolution humaine, la biologie, le comportement et la menace des maladies émergentes. Ils sont une composante essentielle de la biodiversité tropicale, ils contribuent à la régénération des forêts et la santé des écosystèmes.
De tout cela, l'humain, au mépris même de son intérêt bien compris, fait fi. De nombreux scientifiques imaginent qu'il se sentira bientôt très seul sur son tas de déchets industriels...
Cette méga-analyse porte sur 504 espèces de 79 genres répartis dans la zone néotropicale, le continent africain, Madagascar et l'Asie, elle indique que ~ 75% des espèces de primates sont en déclin et que~ 60% sont d'ores et déjà menacées d'extinction.
Cette situation est le résultat de l'escalade des pressions anthropiques sur les primates et leurs habitats : expansion de l'agriculture industrielle, élevage à grande échelle, exploitation forestière et minières (forages pétrole, gaz...).
Enfin une analyse globale récente suggère que de nombreux primates pâtiront de l'évolution des conditions climatiques au cours du 21ème siècle : l'Amazonie, la forêt atlantique du Brésil, l'Amérique centrale et l'Asie de l' Est et du Sud - sont considérés comme des points sensibles de la vulnérabilité des primates face au changement climatique.
En conclusion, malgré un tableau très sombre, malgré l'extinction imminente d'un grand nombre de primates, les chercheurs restent persuadés que la conservation de nombreuses d'espèces n'est pas encore une cause perdue.
L'inversion de cette tendance est subordonnée à la mise en œuvre urgente de décisions scientifiques, politiques et de gestion immédiates visant à réduire les pressions environnementales et anthropiques sur ces population.
Sinon, la réduction continue et accélérée de la biodiversité des primates est inéluctable.
Crimes contre la biodiversité
La sixième extinction de masse est actée
Lassitude de devoir répéter, depuis huit ans que j'ai ouvert cette rubrique, que notre biodiversité s'effondre, que d'enquêtes en colloques, de publications en conférences, les scientifiques produisent des données épouvantables à propos de cette extinction de masse dont l'homme est principalement responsable.
Ils prêchent dans le désert et un sinistre imbécile, élu à la tête du plus puissant pays du monde, peut se permettre encrasser davantage notre atmosphère, de fouiller plus avant dans les entrailles de la Terre, de stériliser des cultures pour élever des crassiers...
Pour quelques dollars de plus alors que c'est la survie de l'humanité qui est en cause !
Plus de blabla donc ici, mais des tableaux, des chiffres, des images, comme celles parues dans l'article de PNAS qui fait la une aujourd'hui des journaux et des média.
Demain il sera temps de tout oublier, puis d'aller complimenter l'armée française avec le triste crétin en question.
Je me posais une question depuis quelques années : où étaient passés les beaux chardonnerets qui venaient picorer les graines mises à disposition dans nos jardins ?
J'ai la réponse : en 20 ans leur population en France a diminué de 40%
RAPPORT PLANÈTE VIVANTE 2016
L'homme, ce grand ravageur
Des milliers d'espèces animales et végétales disparues, des dizaines de milliers menacées
D'années en années, le rapport "Planète Vivante" de l'ONG WorldWildLife (WWF), sur l'état de la biodiversité terrestre, se fait plus inquiétant et confirme que l'homme est une arme de destruction massive pour le vivant, animal et végétal, de cette planète.
Pour de nombreuses espèces, les dégâts sont irréversibles, pour beaucoup d'autres la fin est proche.
Quelques chiffres donnent une idée de l'ampleur du désastre.
Entre 1970 et 2012, la population des vertébrés (mammifères, oiseaux et poissons) a diminué de 58% :
- le LPI terrestre (Living Planet Index) a perdu 38%,
- le LPI marin a perdu 36%
- le LPI eau douce s'est effondré de 81% (merci les pesticides!).
A court terme, ce sont les humains eux-mêmes qui seront victimes de leurs propres méfaits.
Les causes de cette atteinte majeure à la biodiversité sont clairement identifiées :
- La perte ou la dégradation de l' habitat est la menace la plus commune pour les espèce en déclin.
Agriculture non durable, développement résidentiel ou commercial, production d'énergies non renouvelables, endommagent les zones vitales pour la faune et la flore.
- L'impact de notre système alimentaire, conduit à la surexploitation des océans, et à la pollution massive des terres.
- Le changement climatique (essentiellement d'origine anthropique), perturbe gravement le rythme de vie des animaux en provoquant migration et reproduction à contre-temps.
- Enfin, animaux et végétaux sont exposés, dans tous les milieux, à une constante surexploitation, au braconnage (*) volontaire ou involontaire (pêche).
(*) Caricature de la bêtise humaine : l'ancien gardien de but de l'OM, Pascal Olmeta; paradant il y a quelques jours, fusil en main, sur le cadavre de l'éléphant qu'il venait d'abattre.
Nous avons construit trop de villes à la campagne...
... urbains, trop urbains !
Mégalopole japonaise
La revue américaine Science publie une série d'infographies interactives, qui montre à quel point la terre est devenue une planète urbaine.
Aujourd'hui, plus de la moitié des habitants de la planète vivent dans les villes, et la proportion est en forte croissance. En 2050, près des deux tiers d'entre nous seront des citadins.
Sur le plan écologique, les répercussions sont catastrophiques. L'imperméabilisation des sols provoque non seulement des crues dramatiques, mais en empêchant l'humification des sols, elle nuit aux écosystèmes aquatiques et porte atteinte à la biodiversité
Anthropocène : l'âge de l'homme
Le Musée national d'histoire naturelle à Washington DC met les pieds dans le plat en réaménageant ses salles d'exposition pour faire une place à une nouvelle ère terrestre : l'anthropocène.
Pour certains en effet, la révolution industrielle marque le point de départ d'une nouvelle ère géologique, succédant à l'holocène, qu'ils nomment anthropocène.
Avec l'anthropocène l'histoire de la Terre connait une inflexion majeure, désormais l'homme est la force géologique principale.
Ainsi, avec les seules activités minières, les humains déplacent plus de sédiments que tous les fleuves du monde combinés.
Homo sapiens a également réchauffé la planète, acidifié et fait monter le niveau des océans, provoqué l'érosion de la couche d'ozone...
Pour certains géoscientifiques, pour qui l'échelle de temps de l'histoire de la Terre est aussi fondamentale que le tableau périodique des éléments, il s'agit presque d'un sacrilège !
Pour ceux-là, "L'échelle de temps géologiques est l'une des grandes réalisations de l'humanité "
Jusqu'à ce jour, les travaux concernant l'échelle des temps géologiques ont été basés sur la stratigraphie : l'études des couches de roche, des sédiments océaniques, des carottes de glace et autres dépôts géologiques.
L'anthropocène se situe dans une autre dimension, beaucoup plus complexe.
Reproduction de Nature 2015
Pour le début de la dernière période géologique, l'Holocène, Michael Walker et ses collègues ont choisi un changement climatique - la fin de l'ultime période glaciaire - et identifiés une signature chimique de ce réchauffement, à une profondeur de 1,492.45 mètres, dans un noyau de glace foré à proximité du centre du Groenland .
Il s'agit donc d'une détermination très précise.
On doit à Paul Crutzen, chimiste à l'Institut Max Planck de Mainz, en Allemagne, les premières réflexions quant à l'impact des activités anthropiques sur notre planète.
Dans les années 70-80, il montre comment elles endommagent la couche d'ozone et peuvent conduire à de profonds bouleversements dans notre environnement.
Il recevra le Prix Nobel de chimie en 1995.
C'est donc lui et un biologiste américain, Eugene F. Stoermer, qui sont à l'origine du terme d'anthropocène.
Mais un chimiste et un biologiste n'étaient pas les mieux placés pour annoncer une nouvelle ère géologique. Il a fallu le relais de géologues pour que l'idée fasse son chemin.
Ce fut fait en 2008 avec une publication retentissante de géologues britanniques conduits par Jan Zalasiewicz et Mark Williams :
Depuis, un groupe de travail s'est mis en place et les débats sont animés autour de la détermination du point de départ de cette nouvelle "ère géologique", car longue est la liste des bouleversements provoqués par l'homme !
Le début de la révolution industrielle a de nombreux adeptes mais d'autres options sont sur la table, comme l' expansion de l'agriculture et de l'élevage, il y a plus de 5000 ans, ou l'extension des activités minières, il y a plus de 3000 ans.
Hélas, il n'existe aucun signal géologique non équivoque et synchrone de l'activité humaine qui puisse signer ce point de départ !
Fonte: Jean Pierre Varlenge
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